Le premier de tous les biens est la santé avait noté sur un carnet de pensées notre compatriote, le Maréchal de Vauban. Gageons qu’il aurait certainement deviser sur la période épidémique que nous venons de traverser. Nous pouvions espérer l’année dernière à pareille époque que la pandémie fût terminée, malheureusement nous avons encore pâti à l’automne d’une 5e vague qui a perturbé nos activités jusqu’en février. L’avenir ne paraît pas encore sans risque sur notre fonctionnement. Les réunions du conseil d’administration n’ont retrouvé leur rythme habituel qu’en mars de cette année. Néanmoins, les échanges en visio-conférence ont souvent compensé l’éloignement auquel nous étions astreints. Aussi, le 56^e exercice de notre Académie n’a pas démérité des précédents.

Ainsi a-t-elle maintenu son cap, persévéré dans ses objectifs et continuer ses travaux, c’est-à-dire s’attacher à la promotion intellectuelle et culturelle du Morvan sur tous les registres disciplinaires pour mieux comprendre ce territoire afin d’anticiper son évolution à la fois pour le protéger, mais aussi pour l’accompagner vers un développement équilibré.

Le rapport moral relève des obligations juridiques d’une association, mais il permet de faire le point sur l’exercice précédent et d’esquisser les projets. Comme d’habitude, ce schéma sera observé pour chacune des rubriques exposées.

Le conseil d’administration élu en 2020 a poursuivi ses missions, à savoir orienter les activités de l’Académie. Il s’applique notamment durant ce mandat à infléchir les travaux sur la vie quotidienne des habitants et les sujets qui font l’actualité morvandelle.  Depuis son élection, un de ses membres l’a quitté, Odile Rhodes qui avait organisé en 2021 entre deux confinements une visite des moulins à meule et à turbine du Morvan.

Les travaux de l’Académie sont effectivement pilotés par le conseil d’administration et son bureau, mais il importe de souligner ici le rôle essentiel que joue pour son fonctionnement quotidien l’équipe de permanents qui se retrouvent chaque mercredi au Centre Condorcet. C’est elle en effet qui s’occupe des tâches administratives, traite la correspondance, répond aux appels téléphoniques, suit la messagerie et accueille les chercheurs. Michel Beaussier et Claude Péquinot, Liliane Pinard et Martine Régnier, rejoint par Helen Stravopoulos prêtent ainsi leur concours chaque semaine, qu’ils en soient vivement remerciés. Christian Bouchoux, responsable de la bibliothèque, s’investit aussi depuis longtemps dans cette fonction spécifique. D’autres bénévoles apportent parfois leur aide au moment des coups de feu.

Les publications restent la production de référence de l’Académie.  Elles fondent sa place culturelle et scientifique et participent à son audience. Elles doivent constituer le pivot de son crédit.

Le bulletin suit en principe une périodicité bisannuelle, mais, en 2020, n’est paru qu’un seul numéro à cause de contretemps liés aux confinements : le bulletin numéro 88, La chasse en Morvan, par Marie-Aimé Latournerie. En 2021 cette collection a rétabli son rythme habituel, avec deux numéros, mais n’a pas encore rattrapé le retard enregistré au début de l’épidémie, pour des raisons éditoriales. Il s’agit pour ces deux bulletins :

- du numéro 89, intitulé Henri Germain Carrat, chercheur d’uranium, de l’ingénieur géologue au géologue savant de Dominique Chabard et Jean-Philippe Passaqui ;

            - du numéro 90, composé de plusieurs articles : un premier sur les recherches de Mme Noëlle Renault relatives aux nourrices « sur lieu » du Morvan, un deuxième sur le patois d’Arleuf par Roger Dron et le troisième sur les soldats d’origine morvandelle admis à l’Hôtel des Invalides par Serge Bernard.

            Le numéro 91 à paraître, sera composé de deux articles, le premier intitulé les sobriquets aux environs de Planchez par Michel Salesse et Noëlle Renault. Et le second de Christian Epin sur les limites du Morvan, intitulé A la recherche du Morvan sur les conseils de Jean-Marie de Bourgoing. Enfin, un troisième sur La vie municipale à Villapourçon dans la seconde moitié du XIXe siècle par Christian Bouchoux complètera peut-être ce bulletin s’il rentre dans le calendrier d’impression.

Le n° 92, prévu pour la fin de l’année, sera consacré à La faune halieutique en Morvan par Sébastien Gautier.

D’autres titres sont envisagés ultérieurement sur l’Architecture des bâtiments remarquables à Château-Chinon par Agnès Sourd-Tanzi et sur l’élevage en Morvan par Didier Verlynde.

            La Lettre numérique qui a pris le relais il y a plusieurs années de la page du Morvan du Journal du Centre, s’est vue très officiellement dotée d’un numéro ISSN. Les 21 numéros parus ont par conséquent fait l’objet d’un dépôt légal décentralisé par la BNF à la Bibliothèque municipale de Dijon pour les publications en série régionales.

Didier Verlynde assure sa mise en page et sa diffusion. Indépendamment des éditoriaux du président et la relation des visites, des chroniques sont publiées dans chaque numéro. Lors des dernières parutions, les lecteurs ont pu prendre connaissance de celles, de Marie-Hélène Olivier et de Jean Marie de Bourgoing sur Gérard Motet, et de l’étude de Jacqueline Bernard sur le Choléra sous Louis-Philippe à travers le Journal La Petite Ville de Moulins-Engilbert paru dans le numéro 12 en mars 2021. La lettre n°13 comprenait un article de Marie-Françoise Honoré-Flamand sur Georges Zévort, peintre de l’Avalonnais et un autre de Didier Verlynde sur le cyclisme en Morvan. La lettre n°14 d’octobre 2021 rappelaient les racines morvandelles du général Gudin dont les cendres retrouvées à Smolensk ont été inhumés aux Invalides le 2 décembre dernier. La lettre 15 parue en mars dernier évoquait la mémoire de Henri Mitterand qui était le doyen de l’Académie, par deux articles signés l’un par Jean-Marie de Bourgoing et l’autre par Christian Bouchoux, tandis que Michel Beaussier retraçait la carrière de Marcel Rocaboy, un ingénieur mécanicien d’Arleuf, à l’origine de plusieurs projets innovants dont la Méhary de Citroën.

Didier Verlynde anime également le site internet de l’Académie qu’il a récemment revisité et qu’il développe en permanence.

            Notre bibliothèque de l’Académie s’est enrichie cette année encore à l’occasion de deux ventes aux enchères d’ouvrages que détenait la Société académique du Nivernais.  Lors de la première vente qui s’est tenue le samedi 29 janvier, l’Académie a pu se porter acquéreur de 13 volumes en 6 lots, notamment des inventaires-sommaires des archives départementales antérieures à 1790 pour la Côte d'Or et le Cher. Lors de la seconde vente qui s’est déroulée à Nevers le 21 mai, ce sont 30 ouvrages en 10 lots que l’Académie a emportés concernant essentiellement l’histoire du Nivernais et du Morvan. Parmi ceux-ci, figurent en particulier Le flottage en Haute-Yonne paru en1851, Le vade-mecum du forestier édité en 1885 ou Les chemins de fer à travers le Haut-Morvan publié en 1894

Les publications sont déposées dans un local mis à disposition par la ville de Château-Chinon au premier étage de l’aile gauche du centre Condorcet. L’Académie renouvelle sa reconnaissance à Madame la maire et à la municipalité de bénéficier de cet hébergement dans de bonnes conditions de conservation et de consultation.

            La bibliothèque possède surtout évidemment des volumes relatifs au Morvan sous toutes ses facettes. S’y trouvent également la collection des bulletins de l’académie, les revues auxquelles elle est abonnée et tous les périodiques qui font l’objet d’échanges réciproques avec d’autres sociétés savantes. 

La bibliothèque est placée sous la responsabilité de Christian Bouchoux qui s’attache à nourrir un fichier qui soit à la fois un outil de gestion du fonds et un instrument de travail efficace pour les lecteurs. Les documents sont consultés sur place par les chercheurs, les enseignants avec ou sans élèves, les auteurs de toutes les disciplines et tous les curieux du Morvan.

            Les sorties réunissent des groupes de membres pour des moments conviviaux à l’occasion de visites de sites et de monuments, de découverte d’œuvres, de rencontres de personnes en Morvan ou ailleurs.

Elles ont forcément pâti ces derniers temps des conséquences de l’épidémie. Celle prévue initialement à Chalon-sur-Saône a été reportée à plusieurs reprises et s’est finalement déroulée le 18 septembre dernier sous la conduite de notre consœur, Brigitte Chabard. Elle a permis de voir l’exposition Miroir des princes au Musée Denon, autrement dit les œuvres résultant de la commande artistique des hauts fonctionnaires bourguignon du XVe siècle. Les excursionnistes ont aussi effectué une promenade commentée de la ville et visité la cathédrale Saint-Vincent.

Le 14 mai dernier une sortie dans l’Yonne, organisée par Claude Péquinot, a donné l’occasion d’admirer le Trésor de Vix au musée du Pays châtillonnais et de parcourir un édifice du XVIe siècle très original : le château pentagonal de Maulnes.

L’ouverture de l’Académie vers l’extérieur revêt de multiples aspects.

            Depuis 40 ans, l’Académie entretient des liens avec l’Association Bourguignonne des sociétés savantes (l’ABSS). Des membres de l’Académie y font régulièrement des interventions. Jean-Marie de Bourgoing y était intervenu en 2019 à Auxerre sur Jean François Fouquet, missionnaire en Chine dans le cadre d’une thématique sur les Bourguignons à la découverte du monde. Lors du colloque qui s’est tenu à Paray-le-Monial les 2 et 3 octobre 2021 sur le thème Rites et pratiques religieuses en Bourgogne de l’Antiquité à nos jours, notre confrère, Daniel-Henri Vincent a prononcé une conférence intitulée « Le libertin bon apôtre ». D’autres académiciens pourront intervenir à l’occasion du 31e colloque de l’ABSS à Chalon-sur- Saône les 22 et 23 octobre 2022 sur le thème de l’Histoire de l’image et image de l’histoire en Bourgogne.

Les relations entre l’Académie et le Parc Naturel Régional du Morvan sont anciennes. Ces deux organismes ont les mêmes sujets d’investigation et ont des objectifs communs. Les activités et les thématiques de l’Académie et du Parc Naturel Régional du Morvan sont assez complémentaires. Quatre membres de l’académie appartiennent au comité de pilotage. Les récentes tables rondes sur l’Energie illustre bien cette synergie.

L’Académie détient un siège au comité de pilotage des petites villes de demain. Il s’agit d’une instance déclinée au niveau départemental qui permet aux villes de moins de 20 000 habitants désignées par les préfets de bénéficier d’un soutien spécifique de l’État et de ses partenaires pour élaborer et mettre en œuvre leurs projets de revitalisation. L’aménagement du calvaire de Château-Chinon dont l’Académie contribue à la signalétique, est précisément éligible à ce dispositif.

Les attaches avec Fréquence-Morvan ouvrent l’Académie à un large public local et ce canal de diffusion n’est jamais négligé. 

Qui plus est, cette radio locale a apporté un appui logistique pour l’enregistrement des débats de la Table ronde. 

D’ordinaire, l’Académie est présente aux Fêtes du livre régionales et aux manifestations où elle peut diffuser ses ouvrages. Les vagues successives de Coronavirus ont souvent bouleversé leur programmation. Le retour à une situation sanitaire plus normale a permis de renouer avec notre participation. Il s’agit toujours d’opportunités de promotion et de valorisation des publications, de rencontrer le public et de nouveaux lecteurs. Liliane Pinard a assuré notre présence à Etang-sur-Arroux et à Anost. Qu’elle en soit remerciée.

L’Académie s’efforce aussi d’être présente lors des manifestations organisées par les municipalités morvandelles. Ainsi, notre président a assisté à Lormes le 14 juillet 2021 aux commémorations concernant le républicain morvandiau Pierre Maladier.

            Notre société a toujours contribué aux montants des récompenses des Prix du Morvan qui comprend le Prix littéraire du Morvan, appelé Prix Henri Perruchot, et un prix d’études morvandelles, intitulé Prix Marcel Vigreux, chacun portant le nom de l’un de nos plus éminents académiciens. Cette année, le conseil d’administration a décidé d’augmenter la subvention annuelle à l’Association des prix littéraires du Morvan et l’Académie bénéficie désormais du titre officiel de marraine des prix littéraires du Morvan.

Le jury a toujours accueilli plusieurs de nos confrères. Philippe Berthier remplissait jusqu’à présent cette fonction délicate. C’est Jean-Loup Flouest, notre président lui-même, qui assure maintenant cette mission.

Au plan international, l’Académie a reçu Patrice et Roger Sautereau du Part qui sont issus de Simon Sautereau d’Arleuf (1704-1768), promoteur du flottage en Morvan. Patrice, l’aîné de ses deux frères qui réside au Québec dans la commune de Sainte-Thérèse-de-la-Gatineau souhaiterait au-delà du jumelage qui s’ébauche avec Arleuf, envisager une coopération culturelle avec toutes les communes riveraines de l’Yonne qui ont pratiqué le flottage. C’est un projet à prospecter pour l’Académie.

Le point d’orgue des travaux du bureau de l’Académie a été évidemment durant l’année écoulée la conception et l’organisation des tables rondes sur l’énergie en Morvan. Cette manifestation qui répond aux orientations fixées en 2020 par le conseil d’administration d’axer davantage les travaux de l’Académie sur l’environnement immédiat des morvandiaux et les sujets d’aujourd’hui. Ce projet été initié par Odile Rhodes et mené à bien par Didier Verlynde.

Il a réussi à réunir 24 intervenants, tous acteurs des questions énergétiques en Morvan, soit représentant des institutions régionales, responsables des organismes spécialisés dans ce domaine ou promoteurs d’expériences locales innovantes. Le montage logistique assuré par Michel Beaussier s’est révélé également un tour de force.

Ce colloque a réuni 65 personnes. Les communications ont été riches, passionnantes et fécondes car elles présentent des pistes de solutions aux problématiques énergétiques locales. Elles ont été enregistrées et pourront être revues sur le site de l’Académie. Bien évidemment, elles feront l’objet ultérieurement d’une publication.

Cette rencontre réussie du meilleur niveau augure d’en imaginer d’autres sur des sujets différents.

Que les actions notre l’Académie soient traditionnelles dans la pratique des sociétés savantes ou qu’elles soient plus innovantes dans le sillage de celles de la semaine dernière, la gratitude du Conseil d’administration va à tous ceux et toutes celles qui contribuent à ses travaux .

                                                                                                                                                                            Christian EPIN

                                                                                                                                                                          Secrétaire Général