Bulletin n° 56 année 2002
Résumé du Bulletin Les témoignages que regroupe ce Bulletin
montrent les divers aspects de la personnalité et de l'action de Marcel
Vigreux. Mais c'est surtout leur unité et leur cohérence qui frappent.
Morvandiau profondément attaché aux racines paysannes, ce que traduisait la
fidélité à sa charge de maire homme de conviction, conscient d'être lui-même un
exemple de l'ascension possible, dans une démocratie, pour quelqu'un d'origine
modeste considérant ses fonctions à l'Université, au Parc du Morvan comme des
moyens qui lui permettaient d'agir, et jamais comme des honneurs recherchés
comme tels en même temps, tout à fait étranger aux ambitions politiques, dont
on croit savoir qu'il avait refusé la possibilité.Sa thèse, au titre révélateur
Paysans et notables du Morvan au XIXe siècle, jusqu'en 1914 , fonde l'analyse
historique sur une connaissance concrète des hommes, du pays et des choses,
englobe à la fois la peinture de la vie réelle et l'analyse de la structure
sociale dans un pays profondément pauvre, où il ne pensait pas possible le
développement d'une petite bourgeoisie, d'une classe moyenne dirons-nous
aujourd'hui, intermédiaire entre les deux pôles qu'il définissait ce n'était
probablement, à ses yeux, que la République qui pouvait, dans les meilleurs
cas, permettre de franchir ces barrières. On lui avait dit, lors de sa
soutenance de thèse, que son livre était peut être un peu manichéen. C'est un
des grands livres du XXème siècle sur le Morvan. Il le prolongea, devenu
professeur, en suscitant et dirigeant des travaux universitaires, dont notre
Académie en a publié plusieurs. A Saint-Brisson, au Parc, son action fut
multiple, et sa présence souvent précieuse. Il connaissait, comme maire, les
problèmes concrets. Mais il savait l'importance de l'étude et de la recherche,
comme de la présentation de leurs résultats au public. Il mit en route deux
entreprises, malgré les obstacles les points de lecture du paysage, et ce qu'il
appela les maisons à thème, ce musée ethnographique éclaté qui veut rassembler
toute une part de la mémoire du Morvan pas celle des évènements, mais celle de
la vie difficile, il y a peu encore, sur cette terre rude. C'est aussi l'amour
profond des gens du Morvan, la volonté de garder la mémoire de ce dont ils sont
capables, qui le poussa à rassembler, par la publication de témoignages et par
le Musée de la résistance, ce qui transmettra aux générations futures le
souvenir de la souffrance et de l'héroïsme. J'ai eu la chance, pendant six ans de veiller avec lui aux estimées de l'Académie du Morvan, dans une entente qui fut totale ; nous étions je crois, assez complémentaires. L'essentiel était sa connaissance des gens et des événements, petits plus souvent que grands, sa présence et son implantation ; son autorité aussi, qu'il avait acquise par sa façon d'être et d'agir.
Claude Rolley Professeur d'Archéologie
Ancien Président de l'Académie du Morvan
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ACADEMIE DU MORVAN
"Tout ce qui intéresse le Morvan est nôtre"