Qui doute si les habitants des campagnes ussent été cultivés qu’ils ussent figuré avec avantage et souvent même avec distinction dans la classe des citoyens instruits, nés avec les mêmes dispositions, ils n’en diffèrent que par l’éducation. Livrés à des ouvrages purement manuels, concentrés dans des occupations matérielles, abrutis enfin par un régime absurde et avilissant, est-il étonnant que des conceptions abstraites et métaphysiques leur échappent, si par leur patriotisme ils paraissent aujourd’hui s’élever à la hauteur de l’idée sublime de la liberté. Ce noble élan est bien moins le résultat d’un sentiment réfléchi que l’effet naturel du ressentiment qu’a dû faire naître en eux l’excès de despotisme auquel ils étaient en but avant la révolution.

Comment donc l’assemblée nationale, à qui il est impossible que les observations ne se soient pas présentées, a-t-elle pu, après avoir établi les municipalités, les associer aux fonctions des corps administratifs. Comment n’a-t-elle pas vu que cette adjonction monstrueuse embarrassait le mouvement de la machine politique si elle n’en détruisait pas le jeu ?