
1919-1994
L’Académie du Morvan doit beaucoup au Docteur Lucien Olivier, un homme d’exception, qui marqua de son empreinte la vie de notre société savante, participant activement à son rayonnement durant le quart de siècle de son existence.
Lucien Olivier nous est connu pour sa passion pour l’archéologie. Il entreprend quatre fouilles du haut Morvan, sous le contrôle des professeurs Roland Martin puis Claude Rolley (1993-1970) : l’Isle des Settons, le Fou de Verdun à Lavault-de-Fretoy, la maison de l’Huis-l’Abbé à Corancy, les deux tumulus d’Argoulais à Saint-Hilaire-en-Morvan.
Devenu responsable des fouilles organisées par la Direction des Antiquités de Bourgogne dans le cadre du Parc naturel régional, il commence l’étude du site d’Arleuf en 1971, et le théâtre des Bardiaux est mis à jour en 1972. Les fouilles des sources de l’Yonne, avec Claude Péquinot et Ginette Picard, permettent une première estimation du site (1976-1980).
Dès 1975, Lucien Olivier envisage une reconnaissance universitaire en préparant puis en soutenant une thèse d’archéologie (3ème cycle) à Dijon sous la direction du professeur Rolley : « l’occupation du sol en haut Morvan à l’époque romaine », 1981. L’ouvrage est publié en 1983 par l’Académie du Morvan et la revue archéologique de l’Est sous le titre « Le haut Morvan romain, voies et sites ».L’homme, dont on devinait vite la richesse, « ne se livrait pas volontiers » pour reprendre quelques lignes de l’hommage de Jean Séverin, autre grande figue de notre Académie. Le Docteur Olivier, plutôt, affable, urbain, soucieux des formes dans le commerce quotidien, associant les autres aux efforts et aux soucis d’une tâche commune, il protégeait jalousement son domaine intime. Pessimiste à ses heures dans sa nature profonde, croyant en l’homme par raison plus que par affectivité, jugeant sans complaisance, il était avant tout passionné de l’action qui délivre, de l’œuvre qui naît et mûrit sous les mains du modeleur.
En même temps, il avait ses doutes et ses interrogations, dont il se délivrait par un sursaut d’énergie. Nous discernions chez lui, jamais exprimée — c eut été faiblesse — une sensibilité qui affleurait dans son regard ou ses silences comme l’eau de ces fontaines dont il a étudié les mythes et les légendes, et qui sourd des profondeurs de la terre. Sans doute, médecin, avait-il trop rencontré la souffrance des corps, les angoisses du cœur, pour ne pas garder, sous le masque du professionnel qui soigne et guérit, une tendresse pour la condition humaine ».